Pythagore

PYTHAGORE
de Samos
565 – 495( ?) av J.C.

Pythagore de Samos est souvent présenté comme le premier vrai mathématicien de l’histoire. Bien que représentant un personnage clef de cette discipline, on ne connaît pratiquement rien des travaux qu’il a effectivement réalisés puisqu’il ne subsiste aucune trace de ses écrits. Il est d’autant plus difficile de se faire une opinion que le personnage évoluait à la limite entre le scientifique et le religieux, s’entourant de secret et cultivant le mystère.

Certains de ses biographes en font même un personnage d’essence divine. Ne prétendit-il pas lui même que son nom signifiait « annoncé par la Pythie ». Si les historiens reconnaissent une assez bonne concordance entre les moments essentiels de sa vie, ils ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les dates qui peuvent différer parfois de plus de 20 ans… Et, à la limite, il arrive même qu’on en vienne à considérer le personnage et sa vie comme une simple légende.

Pythagore naquit à Samos. Sa mère s’appelait Pythais et son père Mnesarchus. Son père n’aurait pas été Samien d’origine. Il se serait agi d’un négociant (peut être un joaillier) de Tyr qui, ayant approvisionné Samos en maïs au cours d’une famine, en aurait été nommé citoyen d’honneur à titre de remerciement. Il est probable qu’il ait eu deux frères, et peut être trois.

Il passa sa jeunesse, dont on connaît peu de choses, à Samos, Grâce à quelques recommandations de son oncle Zoïlos, il bénéficia de l’enseignement gratuit du grand Phérékydes qui, à ce que rapportent certaines légendes, lui aurait essentiellement appris à réaliser des « miracles ». En fait, il voyagea beaucoup en compagnie de son père. Il aurait même passé beaucoup de temps à Tyr où il aurait suivi l’enseignement des érudits syriens et chaldéens relatifs aux mystères de Byblos. Il poursuivit sa route jusqu’au mont Carmel où il enrichit encore ses connaissances. Il semble même qu’il ait visité l’Italie, toujours en compagnie de son père. On a aucune idée de ce à quoi il pouvait ressembler physiquement, les descriptions fournies ne semblent pas le moins du monde crédibles. La légende qui l’entoure a fait écrire à certains (qui ne l’ont jamais vu) qu’il avait « un aspect majestueux, la face resplendissante, la chevelure ondoyante, qu’il s’enveloppait d’un manteau blanc et que de tout son être émanait une douceur affable ». Toutefois, de nombreuses sources font état à son sujet d’un détail particulier : Il aurait possédé une marque de naissance typique sur la cuisse ! (Selon Elien de Préneste, ce serait au théâtre d’Olympie que Pythagore aurait montré au public « sa cuisse d’or »). Encore un élément susceptible d’accréditer son essence divine ? ? ?

A 18 ans, il se rendit à Olympie pour participer aux célèbres jeux où il gagna tous les combats de pugilat.

Son éducation de base porta surtout sur les disciplines littéraires et artistiques. Il apprit la poésie, en particulier l’œuvre d’Homère, et la pratique de la lyre qui était très utilisée comme instrument d’accompagnement des récits épiques « chantés ».

Comme professeurs, il eut trois philosophes qui l’influencèrent beaucoup. Le plus marquant fut Pherekydes, mais il aurait aussi été l’élève de Thalès et d’Anaximandre qui l’initièrent aux Mathématiques. 

Il semblerait qu’il se rendit à Milet quand il avait 18 ou 20 ans et que c’est là qu’il rencontra Thalès alors très âgé. Le vieux maître fit sur lui une très forte impression, même si Pythagore ne fut pas très longtemps son élève, Thalès provoqua son intérêt pour les Mathématiques et l’Astronomie et surtout, il lui conseilla de se rendre en Egypte pour étudier ces disciplines « à la source ». Anaximandre, élève de Thalès enseignait au même moment à Milet et ses idées dans le domaine de la Géométrie et de la Cosmologie influencèrent aussi Pythagore.

Vers 535 av. J.C., Pythagore partit pour l’Egypte. Cela se produisit peu de temps après que Polycrates se soit institué Tyran de Samos. Au début, les rapports entre les deux hommes furent des plus cordiaux. On prétend même que Polycrates qui avait à cette époque signé une alliance avec l’Egypte, lui aurait fourni les lettres d’introduction nécessaires à son voyage. En Egypte, Pythagore visita beaucoup de temples et discuta beaucoup avec les prêtres, mais il semblerait que l’accès des lieux saints lui ait toujours été refusé…

Muni de ses belles recommandations qui lui avaient permis de s’introduire auprès du Pharaon Amasis, Pythagore se rendit d’abord à Héliopolis où il tenta de circonvenir les prêtres en leur offrant une superbe coupe en argent. Très adroitement, le clergé héliopolitain se déclara « indigne d’un élève aussi illustre » et lui conseilla hypocritement de se rendre auprès des vénérables prêtres de Memphis dont le Savoir était bien plus complet et plus ancien. Arrivé à Memphis, et sous le même prétexte, le clergé du lieu le renvoya vers les prêtres de Thèbes… lesquels n’ayant plus personne à qui l’expédier décidèrent de le soumettre à toute une série d’épreuves toutes plus redoutables les unes que les autres.

Pythagore aurait surmonté brillamment tous les obstacles il aurait même été intronisé dans le sacerdoce après avoir satisfait aux rites nécessaires à son admission. Il aurait, à cette occasion, appris la langue sacré du clergé égyptien et pu ainsi accéder à de très vieux documents d’archives. D’ailleurs, il est très facile de constater que beaucoup des croyances et des cérémonials qu’il imposera par la suite à ses élèves se pratiquaient depuis longtemps dans les temples de la vallée du Nil. Par exemple, le goût « maladif » du secret, l’interdiction de manger des haricots (?) ou de porter des vêtements faits d’une matière d’origine animale (il y a tout lieu de s’interroger sur ce dernier point puisqu’un des signes distinctifs des grands prêtres égyptiens consistait à porter une peau de panthère sur les épaules) et surtout de rechercher la pureté du corps et de l’âme…

En Géométrie, Pythagore perfectionna auprès des prêtres égyptiens les connaissances qu’il avait commencées d’acquérir auprès de Thalès et d’Anaximandre.

 

En 525 av. J.C., Cambyses II, Roi des Perses, envahit l’Egypte. Polycrates avait abandonné son alliance avec ce pays, il avait même fourni à Cambyses 40 vaisseaux pour renforcer la flotte perse. Une fois que Cambyses eut remporté la victoire à Pelusium et pris Héliopolis et Memphis, Pythagore se retrouva prisonnier des Perses et conduit à Babylone. Heureusement, il put y lier des relations étroites avec plusieurs personnages importants, en particulier des prêtres, et avoir ainsi accès à tout un enseignement « religieux » qui constituait en fait le réservoir de pratiquement toutes les connaissances importantes de l’époque dans des domaines aussi variés que l’Arithmétique, la Géométrie, l’Astronomie, la Cosmographie, la Médecine … Cette captivité se révéla essentielle pour la suite de ses travaux. Il aurait remarqué que les mathématiques égyptiennes et babyloniennes n’étaient que des « recettes »… qui fonctionnaient, et qui, de fait, étaient transmises de générations en générations sans que personne ne s’interroge vraiment sur la logique et les lois régissant les mécanismes utilisés. Peut être parce qu’Egyptiens et Babyloniens ne considéraient les mathématiques que comme des outils nécessaires à solutionner des situations très pratiques et très terre à terre. Et pourtant, ces deux peuples avaient largement dépassé le simple calcul élémentaire et étaient capables de résoudre des problèmes fort complexes.

 

Ses pérégrinations auraient duré une quarantaine d’années et certains vont même jusqu’à prétendre qu’il serait allé jusqu’en Inde (à l’Est) et jusqu’en Bretagne (à l’Ouest) ? ? ?. Certaines sources rapportent même qu’il aurait rencontré le grand Zarathoustra tandis qu’il parcourait la Perse. Toujours est-il que vers 520 av. J.C., sans que l’on sache comment il l’obtint, Pythagore retrouva sa liberté et put regagner Samos où, d’après certains, Polycrate aurait été éliminé depuis déjà deux ans, l’île étant passée sous le contrôle de Darius. Mais, selon Diogène Laertius, Polycrate aurait toujours été là et aurait même engagé Pythagore comme précepteur de son fils. Toujours est-il que Pythagore regagna son île natale la tête remplie d’une moisson considérable de connaissances (il aurait réussi à assimiler tout le savoir mathématique de son temps) et surtout pleine de conceptions « philosophiques » bien arrêtées. Ces idées l’amenèrent à s’opposer au Tyran local. Sa patrie natale n’était plus telle qu’il l’avait quittée. Polycrates en avait fait une « nation » intolérante et conservatrice. Pythagore refusa de s’installer à la cour du Tyran et il préféra se réfugier dans une caverne où il passa presque tout son temps à philosopher et à rechercher comment les Mathématiques pouvaient expliquer le monde. Mais rapidement, la solitude commença à lui peser.

Il eut alors l’idée de proposer de l’argent à un garçon (dont le nom, selon quelques historiens, aurait également été Pythagore) pour qu’il devînt son élève. Ainsi, Pythagore le maître payait Pythagore l’élève trois oboles par leçon et, au bout de quelques semaines, le premier  se rendit vite compte de l’enthousiasme manifesté par le second. Pour mesurer son succès, Pythagore prétendit manquer de  moyens financiers pour continuer ainsi. Le garçon proposa alors de payer pour son éducation  plutôt que de l’interrompre. L’élève était devenu un disciple. Ce fut malheureusement la seule conversion  effectuée par Pythagore à Samos.

Mais les notions de réforme sociale qu’il défendait étant trop « subversives », Polycrates préféra le chasser de l’île en compagnie de sa mère et de son unique disciple plutôt que de le laisser y développer une école.

Il se serait alors rendu en Crête pour y étudier la législation et il aurait même fondé à l’intérieur de l’île une école baptisée « l’Hémicycle ». A la mort de Polycrates, il serait revenu à Samos, mais les choses ne se passèrent pas mieux.

 

Vers 518 av. J.C., il quitta Samos pour la Grande Grèce (Italie du Sud). Les raisons de son départ sont confuses. Lui même prétendit que les Samiens étaient des gens trop rustres pour profiter pleinement de la qualité supérieure de son enseignement… mais il semblerait qu’il se soit mis le peuple à dos avec ses conceptions intransigeantes… ou qu’il ait tout simplement voulu fuir ses responsabilités de citoyen… Certains prétendent qu’il aurait gagné la Grèce continentale pour essayer de s’établir près de Delphes. Ne se prenait-il pas alors pour le fils d’Apollon… voire même la réincarnation de ce Dieu ! Le clergé établi à Delphes vit d’un très mauvais œil l’installation de ce trublion concurrent et le chassa.. Toutefois, rien ne vient corroborer ces assertions.

En désespoir de cause, il finit par aboutir en Grande Grèce (Italie du Sud). Il débarqua à Sybaris et gagna Crotone où il fonda son école, véritable secte, baptisée « Mathématikoi ».. On dit qu’il y aurait vécu aux crochets du célèbre Milon de Crotone, champion olympique toutes catégories (couronné douze fois à différents jeux) mais à l’intellect plus que réduit.



Dans la sécurité de sa nouvelle installation, Pythagore fonda la Fraternité pythagoricienne, un groupe qui compta 218 (certains avance le nombre de 600..!) pythagoriciens dont Philolaos et Hyppase de Métaponte. Cette école pythagoricienne durera près de 150 ans. 

L’élève favorite de Pythagore était la propre fille de Milon, la belle Théano, et en dépit de leur différence d’âge, ils finirent par se marier.

Son école était une véritable « secte » à l’intérieur de laquelle les membres devaient suivre des règles très strictes et parfois « étonnantes », c’est le moins que l’on puisse dire :
Ne pas manger de fèves (?).
Ne pas rompre le pain.
Ne pas tisonner le feu avec un couteau.
Ne pas toucher un coq blanc (?).
Ne pas manger de cœur.
Ne pas se regarder dans une glace près d’une lampe.
En se levant, ne pas laisser l’empreinte de son corps sur le lit.
Effacer les traces de la marmite dans les cendres.
…..

Lorsqu’il adhérait à la « fraternité », chaque disciple devait faire don de toutes ses possessions à un « fond commun ». Par contre, quand il la quittait (?), il recevait le double de ce qu’il avait offert en arrivant et on érigeait une stèle à sa mémoire… Mais on ne connaît aucun disciple qui soit parti dans de telles conditions ! Les disciples devaient donc vivre dans l’enceinte de l’école, ne posséder aucun bien personnel et être végétariens. Si l’un d’eux venait à faire une découverte, il devait en faire « cadeau » à Pythagore qui s’en attribuait la paternité.

Pythagore se chargeait aussi de tester les candidats à son enseignement. Il commençait par observer si le postulant était capable, selon sa propre expression, de « tenir sa langue ». Pouvait-il se taire et garder pour lui tout ce qu’il avait entendu pendant les séances d’enseignement ? La salle de cours était partagée en deux par un rideau. Pythagore se trouvait d’un côté, les postulants se trouvaient de l’autre. Ils n’avaient donc accès qu’à un enseignement oral. L’épreuve durait cinq ans pendant lesquels ils n’avaient pas le droit de prendre la parole… même pas pour poser une question ! Ce rideau avait une extrême importance dans la vie de l’école puisqu’il partageait les disciples en deux catégories bien distinctes : Du côté du Maître ceux qu’on appelait les « Esotériques » et de l’autre les « Exotériques ».

Les textes rédigés par les Pythagoriciens étaient soumis au secret le plus absolu et afin qu’il n’y ait pas de « fuite », ils étaient rédigés dans un langage à double sens qui n’était compréhensible que par les seuls initiés. Ils étaient remplis de Sumbola  (symboles) et d’Ainigmata (énigmes). La plupart des connaissances se transmettaient en fait de bouche à oreille et cela donnait lieu à une deuxième distinction parmi les élèves. Il y avait les « Acousmaticiens » dont le chef était Hyppase (de Métaponte) et qui n’avaient droit qu’aux « résultats » mais pas aux « démonstrations »… et les « Mathématiciens » sous la responsabilité de Pythagore lui-même, à qui on transmettait « ET les résultats ET les démonstrations ». Etant donné le caractère essentiellement oral de l’enseignement, tous les membres de la fraternité devaient s’exercer à développer leur mémoire. Par exemple, chaque matin, ils commençaient la séance de travail en se remémorant tous les évènements de la veille.
Pythagore lui même avait édicté des préceptes très strictes :
-Croyance en la nature « mathématique » de tout ce qui existait dans l’Univers. -Purification spirituelle de l’Ame par la Philosophie.
-Possibilité pour l’Ame de s’unir au Divin.
-Signification mystique de certains symboles ou figures géométriques.
-Obligation pour les élèves d’être fidèles au maître et de respecter le secret absolu sur les enseignements pratiqués.

-Interdiction de contredire le Maître. D’ailleurs, Pythagore commençait chacun de ses discours par cette phrase très révélatrice du personnage et de son « enseignement » : « Par l’Air que je respire, par l’Eau que je bois, je ne supporterai aucune objection sur ce que je vais dire ! ».

L’école acceptait aussi bien les hommes que les femmes. Il y avait même des élèves « externes ». Ces derniers n’assistaient aux cours que dans la journée. Ils continuaient à vivre en ville dans leurs maisons et n’étaient pas tenus d’être végétariens.

 

De l’enseignement réel dispensé par Pythagore et des travaux qu’il a vraiment accomplis, on ne sait absolument rien. La manie du secret et le fait que toutes les découvertes devaient être considérées comme communautaires, voire attribuées au Maître, empêchent d’en connaître les réels auteurs. Nul doute que cette école apporta une contribution importante au progrès des mathématiques, mais il ne faut jamais perdre du vue que le but de Pythagore ne fut jamais d’établir des théorèmes basés sur des démonstrations. Sa quête consistait simplement à tenter d’expliquer l’Ordre du Monde par les grandes lois mathématiques régissant les figures géométriques ou les nombres. Et il est très difficile de nos jours, pour nous qui considérons les Mathématiques comme une abstraction pure, de comprendre ce qu’elles représentaient vraiment pour Pythagore et les Pythagoriciens.

Pour Pythagore, « chaque chose  étant un nombre », il appliqua tout naturellement ses conceptions à des domaines tels que la Géométrie, l’Astronomie et la Musique. Excellent musicien, il contribua beaucoup à la théorie mathématique des harmoniques… mais ne manqua pas non plus d’utiliser la musique comme moyen thérapeutique pour guérir (?) certaines maladies. Pour lui, l’ordre des cieux s’exprimait par une gamme musicale, ce qu’il appela « la musique des sphères », et pour exprimer cet ordre et cette beauté, il inventa un mot nouveau : « COSMOS »

Dans le domaine de la numération, il se passionna pour les particularités des nombres, nombres pairs et impairs, nombres triangulaires, nombres parfaits… Pour lui, les nombres avaient une personnalité, ils pouvaient être masculins ou féminins, parfaits ou inachevés, beaux ou laids… Pour lui, 10 était le nombre par excellence puisque formé de la somme des quatre premiers entiers : [1+2+3+4=10] et ces quatre nombres écrits sous forme de points formaient en plus un triangle parfait !

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Si aujourd’hui Pythagore est universellement célèbre, c’est uniquement en raison de son célèbre théorème. Mais ce théorème sous sa forme pythagoricienne, c’est à dire reconnu comme s’appliquant uniquement à certains cas particuliers, était connu depuis plus de 2000 ans par les Mésopotamiens et les Egyptiens…(Une tablette d’argile référencée Plimpton 322, conservée au Columbia Institute et portant des caractères cunéiformes le prouve de façon irréfutable… et tout le monde sait que les Egyptiens utilisaient la corde à 13 nœuds qui matérialise le cas particulier du triangle [3-4-5 ], pour tracer des angles droits).  Or Pythagore séjourna de nombreuses années dans les pays de ces deux peuples !

Peut être aurait-il été le premier à en fournir un début de démonstration générale, mais rien n’est moins sûr. En fait, il y a tout lieu de croire qu’il faudra attendre Euclide pour que soit enfin fournie une véritable démonstration du « carré de l’hypoténuse ». En tout état de cause, le théorème célébrissime ne fut pas rédigé sous la forme où nous le connaissons. Il devait certainement être exprimé ainsi :

Si on construit un carré à partir de chacun des côtés d’un triangle rectangle, la surface du grand carré est égale à la somme des surfaces des deux  petits ».

Apollodore raconte que lorsque Pythagore découvrit son théorème, de joie, il sacrifia cent bœufs aux Dieux, une véritable « hécatombe ». Toutefois, cette anecdote paraît bien douteuse dans la mesure où Pythagore interdisait à ses disciples de manger de la viande et de tuer des animaux puisque, selon sa théorie de la métempsycose, ces derniers pouvaient être la réincarnation d’un humain.

On attribue aussi à Pythagore la découverte de nombreux théorèmes de géométrie tels:

La somme des angles d’un triangle est égale à deux angles droits.

Si un polygone possède n côtés, la somme de ses angles intérieurs est égale à autant de fois deux droits que de côtés moins deux (généralisation du théorème précédent… qui fut aussi étendu aux angles extérieurs de la figure).

En ce qui concerne la découverte des nombres irrationnels, les avis sont plus partagés. Est-elle attribuable à Pythagore ou à ses élèves ? Peut-être même eut-elle lieu après sa mort ? En effet, pour Pythagore, TOUT étant nombre, on voit mal comment il aurait pu concilier des grandeurs non exprimables par des nombres avec sa philosophie. Certains disent qu’il aurait résolu ce dilemme de la façon la plus simple qui soit : Plutôt que de remettre en cause ses conceptions, il préféra garder secrète la découverte des irrationnels. Heureusement, il y eut un « traître » parmi ses élèves : Hyppase de Métaponte qui révéla au monde l’existence de ces nombres maudits.

Pythagore aurait eu l’intuition de l’existence des cinq solides réguliers inscriptibles dans la sphère… mais ne serait parvenu à construire que les trois premiers (tétraèdre, cube et octaèdre).

 

Dans le domaine de l’Astronomie, il fut certainement un des premiers, sinon le premier, à affirmer que la Terre était une sphère ne reposant sur rien ! Mais cette conception était plus philosophico-artistique que fondée sur une démarche scientifique. En effet, pour Pythagore, la sphère était la forme parfaite ? Comme la Terre avait été créée par les Dieux, elle ne pouvait être que parfaite… donc sphérique elle aussi. C.Q.F.D. On murmure même qu’il aurait prétendu qu’elle tournait sur elle-même en un jour de 24 heures et autour du Soleil en un an ! Toujours est-il que les Pythagoriciens (et peut-être Pythagore lui même) furent les premiers à enlever la Terre du centre de l’Univers pour lui substituer un « Feu Central » qu’ils appelaient « La mère des Dieux ». Autour de ce Feu Central parfaitement indéfini tournaient 10 corps célestes : la Terre, la Lune, Le Soleil, les cinq Planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne), le Ciel des Etoiles fixes… et, pour atteindre le nombre magnifique de 10, une ANTITERRE,  autrement dit une Planète identique à la nôtre, circulant sur la même orbite mais située de façon diamétralement opposée à notre Terre par rapport au Feu Central…. Si bien que toujours invisible pour nous.

Ces dix corps célestes parcouraient des orbites circulaires en produisant une musique très douce baptisée « harmonie des Sphères ».

Il constata aussi que l’orbite de la Lune était incliné rapport à l’équateur céleste et montra que la planète Vénus était le même astre que l’Etoile du Matin (étoile du berger pour nous).

Outre ces approches à caractère scientifique, Pythagore développa aussi un important enseignement philosophique. Il aurait même été le créateur du mot « philosophie » ». L’anecdote est la suivante : Un jour Léon, tyran de Phlionte lui aurait demandé: « Qui es-tu ? »,et Pythagore de répondre : « Je suis un Philosophe ! » c’est à dire un « amoureux de la sagesse. Le mot était né.

Pour lui, la dynamique du monde relevait de l’interaction des contraires ou de paires d’éléments opposés. L’Ame avait une existence propre, indépendante du corps auquel elle était rattachée pendant la vie. Ainsi, elle pouvait se réincarner successivement dans plusieurs organismes ou individus jusqu’à atteindre la pureté parfaite… en particulier en suivant l’enseignement du Maître de façon rigoureuse. La métempsycose constituait un des fondements de sa doctrine. Lui même prétendait d’ailleurs avoir vécu quatre vies antérieures : Il aurait d’abord été un certain Aetalide, puis Euphorbe sous la forme duquel il aurait été blessé pendant la guerre de Troie par le Roi Ménélas, puis Hermotime qui, comme preuve de l’existence précédente aurait même reconnu dans un temple le bouclier de Ménélas… et enfin Pyrrhos, un simple pêcheur de l’île de Délos.

Il considérait que tout ce qui existait était constitué de « formes » et non pas de substances matérielles (?)

Enfin, il aurait identifié le cerveau comme siège de l’Ame.

 

Plus étrange, certains attribuent au Maître des événement extraordinaires, voire complètement surnaturels :
D’une seule morsure, il aurait tué un serpent venimeux.
Pendant plusieurs années, il se serait entretenu avec une ourse.
Il aurait persuadé une génisse de ne plus manger de fèves.
Il aurait caressé un aigle blanc descendu du ciel pour le saluer.
Il aurait été vu au même moment à Crotone et à Métaponte.
…..

A tel point que certains disaient : « Les natures de l’Univers sont au nombre de trois : celles des Dieux, celles des mortels et celle de Pythagore ! »

D’un point de vue moral, Pythagore et les Pythagoriciens étaient réputés pour leur honnêteté et leur fidélité mutuelle.

En 513 av. J.C., Pythagore dut se rendre à Délos pour s’occuper d’un de ses vieux professeurs, Pherekydes, qui s’y mourait. Il y resta jusqu’à la mort du vieil homme.

Bien que souhaitant rester hors de la vie publique la société pythagoricienne eut à subir les contrecoups de l’évolution politique.

En 510 av. J.C., Crotone fut attaquée et occupée par les habitants de Sybaris et il y a tout lieu de penser que Pythagore fut impliqué dans le conflit .

Vers 508 av. J.C., l’école pythagoricienne fut attaquée par Cylon, un notable de Crotone et Pythagore dut s’exiler à Métaponte. Certains historiens prétendent qu’il y serait mort après s’être suicidé.

Mais il existe bien d’autres versions de la fin du personnage. Celle ci par exemple : Les nouvelles des succès de la Fraternité se répandirent mais la teneur des découvertes restait jalousement gardée. Il y avait beaucoup de candidats pour tenter d’accéder au Saint des Saints du savoir mais on n’y acceptait que les esprits les plus brillants. L’un des recalés fut Cylon. Il s’en offensa et se vengea vingt ans plus tard. Lors de la 67ième Olympiade, en 510 avant notre ère, une révolte éclata dans la cité voisine de Sybaris. Telys, le meneur de la révolte, entreprit des persécutions barbares contre les partisans du gouvernement précédent, ce qui poussa plusieurs d’entre eux à se réfugier à Crotone. Telys demanda que les traîtres fussent expulsés vers Sybaris pour y subir leur châtiment, mais Milon et Pythagore convainquirent les citoyens de Crotone de résister au tyran. Après soixante dix jours de guerre, Milon et ses 100 000 citoyens armés remportèrent la victoire face à Telys et à ses 300 000 hommes.

Cependant, après la guerre, Crotone se divisa sur le partage du butin. Craignant que les terres ne fussent données aux pythagoriciens, le peuple de Crotone fronda. Les choses s’envenimèrent quand Cylon, se présenta comme la voix du peuple. Attisant la peur et l’envie de la foule, il lança la populace à l’assaut de la Fraternité et provoqua la destruction de la plus brillante école de mathématiques jamais vue. Les bâtiments furent incendiés et plusieurs des Pythagoriciens y périrent…sauf Pythagore qui se serait alors réfugié à Métaponte où il aurait terminé paisiblement ses jours. Mais d’autres encore prétendent que l’attaque de Cylon ne fut qu’une petite escarmouche et que Pythagore put revenir vivre à Crotone…

Si l’on accepte le fait que Pythagore serait mort à l’âge avancé de 100 ans, il faut bien admettre qu’il ait pu revenir finir ses jours à Crotone… surtout que plusieurs sources prétendent qu’il fut le Maître d’Empédocle et que pour ce faire, il dut vivre largement au delà de 480 av ? J.C.

Le lieu exact et la date réelle de sa mort resteront définitivement mystérieux. 

Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que dès 500 av. J.C., l’école pythagoricienne connut un développement considérable. Elle essaima à travers le monde grec et se divisa en de nombreuses factions affichant des ambitions politiques très marquées. En 460 av . J.C., l’école eut à subir de violentes attaques qui connurent des issues dramatiques, ses salles de réunions étant saccagées et brûlées un peu partout dans le pays. Ceux qui parvinrent à s’échapper se réfugièrent à Thèbes et dans d’autres villes où ils poursuivirent les travaux du Maître en répandant à travers le monde antique leur « Evangile Mathématique ».

Les grandes conceptions de Pythagore, personnage très contestable, aussi bien dans son comportement que dans ses idées, pourraient se résumer en deux phrases :

L’Univers est Nombres !»

« Le Maître l’a dit ! »… avec interdiction de contester.

Heureusement, beaucoup des ses élèves et successeurs, les Pythagoriciens, auront une bien meilleure ouverture d’esprit et apporteront au savoir universel des connaissances primordiales !

par Sabine Alarcon