Au milieu de l’effervescence qui anima les astrophysiciens au début du XXe siècle à propos de l’origine de l’univers, l’abbé Georges Lemaître, né le 17 juillet 1894, joua un rôle crucial.
Au milieu de l’effervescence qui anima les astrophysiciens au début du XXe siècle à propos de l’origine de l’univers, l’abbé Georges Lemaître, né le 17 juillet 1894, joua un rôle crucial.
La question de la « création » de l’Univers est de celles que se posent scientifiques et théologiens. Et c’est l’un d’entre eux, l’abbé Georges Lemaître qui apporta une réflexion essentielle : l’idée d’un « atome primitif ». Cette « hypothèse », proposée en 1931, décrit un univers débutant par une singularité initiale, un concentré de matière très dense, qui « explosa » pour engendrer un univers. À l’époque, George Lemaître est prêtre depuis huit ans, après des études mêlant sciences et philosophie.
À lire aussi
Né en 1894 à Charleroi, cet homme simple et rigoureux suit des études de maths-physique à l’université catholique de Louvain, fait la guerre de 1914, puis entre au séminaire à 26 ans. En parallèle, il rédige un mémoire sur La Physique d’Einstein – qu’il rencontre en 1927 à Bruxelles – et obtient une bourse pour l’université de Cambridge.
George Lemaître traverse ensuite l’océan et étudie au MIT. C’est là que le jeune prêtre visite les grands observatoires astronomiques, dont celui du mont Palomar (Californie) où officie Edwin Hubble, qui démontra l’existence d’autres galaxies en dehors de notre Voie lactée.
Contrairement à Einstein, George Lemaître est alors convaincu que l’univers n’est pas statique. Mais qu’il est en expansion. Une idée qu’il publie en 1927, en montrant que plus une galaxie est loin de nous, plus elle s’éloigne rapidement. Son « hypothèse de l’atome primitif », présentée quatre ans plus tard, sera confortée par l’Américano-russe George Gamow en 1948, mais moquée, à la BBC en 1949, par le Britannique Fred Hoyle qui l’appellera « big bang »…
À lire aussi
P. Thierry Magnin : « La question de l’origine n’aura jamais de réponse autre que philosophique »
La découverte lui vaut les honneurs du Vatican. Mais « le discours Un’ora de 1951 dans lequel le pape Pie XII évoque les preuves de l’existence de Dieu à la lumière des sciences, notamment la théorie du big bang de Lemaître sans le nommer, l’affectera beaucoup », explique Jean-François Robredo, l’un de ses biographes. Car George Lemaître rejette le concordisme, c’est-à-dire une exégèse des textes bibliques telle qu’ils soient en accord avec les connaissances scientifiques.
À lire aussi
DOSSIER : Le génie des clercs
Le prêtre physicien opta plutôt pour un « discordisme » méthodologique. « Fidèle à la conception de saint Thomas d’Aquin, il fait la distinction entre le “commencement”, notion physique, et la “création”, concept philosophique et théologique », expliquait Dominique Lambert, physicien et philosophe des sciences à l’université de Namur (1). Une position qu’il fait connaître à Pie XII, qui modifie par la suite son propos. Son successeur, Jean XXIII, nomme Georges Lemaître prélat domestique ainsi que président de l’Académie pontificale des sciences en 1960.
Le « père » du big bang décède en 1966 d’une leucémie, à l’âge de 71 ans. Juste avant sa mort, George Lemaître avait appris la découverte fortuite en 1965 par Arno Penzias et Robert Wilson du rayonnement fossile, vestige archéologique du big bang qu’il appelait poétiquement les « hiéroglyphes » ou « l’écho disparu de la formation des mondes ». Une observation qui validait ainsi sa théorie de l’expansion de l’univers. Beaucoup de physiciens pensent que, s’il avait été vivant, il aurait partagé le prix Nobel de physique 1978 avec Penzias et Wilson.
À lire aussi
Quelle est la portée de la détection des premières secousses du big bang ?