Sauveur a remplacé les roulements d’origine par des roulements neufs.
Remarquez la présence de la bague A qui doit être installée avant la bague B.
Pour usiner les extrémités, il faut prendre un grand soin à bien centrer la vis dans le mandrin du tour afin de diminuer au maximum les défauts de coaxialité avec la partie filetée. Nous nous fixons une tolérance de 3/10ièmes de millimètre pour cette coaxialité. Cela veut dire qu’il doit y avoir au maximum 3/10ièmes de millimètre d’écart entre l’axe du filetage et l’axe des cylindres usinés à chaque extrémité. 3/10ièmes de millimètre, cela paraît facile à réaliser mais les mandrins des tours ont souvent de plus gros défauts…
Sur PEGASE cet écart entre l’axe de rotation et l’axe du filetage vaut au maximum 2/10ième de millimètre, il varie d’une extrémité à l’autre de la tige filetée.
L’usinage de la vis n’est donc pas parfait, il faut en tenir compte dans la conception du montage. C’est pour cela que la vis est montée sur deux roulements à 2 rangées de billes à rotule sur la bague extérieure. Ces roulements peuvent supporter l’effort axial de la vis et ils tolèrent les défauts de coaxialité.
La tolérance sur la précision d’usinage de la vis influence aussi la conception de l’écrou (voir plus loin).
La liaison entre le moteur et la tige filetée peut être une source d’erreur périodique, surtout si le moteur est fixé rigidement à la vis. Ceci vient du fait qu’il est très difficile dans ce cas, voire impossible, de fixer l’axe du moteur dans l’axe de la vis avec une précision suffisante. Sauveur a donc opté pour une fixation flexible. La disposition adoptée se satisfait d’un centrage des axes approximatif sans provoquer d’erreur périodique décelable. Notez la fixation du moteur sur des pièces en caoutchouc qui amortissent les vibrations du moteur pas à pas (voir la page Variateur pour moteur pas à pas).
Divisons cette valeur par le pas de la vis et nous obtiendrons le nombre de tour de vis qu’il faudrait pour faire tourner le secteur d’un tour complet (si c’était possible) :
N = 2155 / 1,5 = 1436 tours
Nous souhaitons que le secteur effectue une rotation complète en un jour sidéral (c’est à dire 23h56mn ou 1436mn). Ce calcul nous montre donc que la vis doit effectuer 1436 rotations pendant ce jour sidéral de 1436 minutes. Autrement dit, la tige filetée devra tourner à la vitesse de 1 tour par minute.
Vous remarquerez la principale originalité de l’écrou, il n’est pas complet. C’est un demi-écrou. Cette disposition permet de le remettre très rapidement en début de course lorsque c’est nécessaire. Pour cela, il suffit de relever l’écrou pour le séparer de la vis et le repositionner en début de course.
Le lest en plomb appuie l’écrou contre la vis afin que les efforts ne le déboîtent pas lors de l’entraînement du télescope.
Malgré sa simplicité apparente, la mise au point de cet écrou a été fastidieuse et n’a été possible qu’avec la persévérance de Sauveur. Moi-même j’ai voulu abandonner…
Il ne fonctionne pas pour n’importe quelle valeur de la masse de plomb ou pour n’importe quel écartement des écrous. Si la disposition n’est pas correcte, l’écrou se met à “rouler les épaules” pendant l’entraînement pour finir par se déboîter de la vis. Si vous souhaitez réaliser ce système, je vous encourage à reproduire le plus précisément possible les caractéristiques présentées ici.
C’est le doigt de guidage qui empêche l’écrou de tourner. Sa longueur est conditionnée par les défauts d’usinage de la vis qui pourraient constituer une autre source d’erreur périodique de l’entraînement. En effet, nous avons vu plus haut que le filetage de la vis n’est pas parfaitement centré sur l’axe de rotation de la vis. Ce décalage provoque un mouvement alternatif de haut en bas de l’écrou qui entraîne une rotation alternative de l’écrou autour du point de contact du doigt (au niveau du petit roulement). Or cette rotation de l’écrou va le faire avancer ou reculer et on retrouve donc un mouvement alternatif dans la translation de l’écrou. La longueur du doigt de guidage doit être calculée pour que cette erreur périodique de l’entraînement soit complètement négligeable.
Pour PEGASE, le point de contact du doigt est à environ 110mm de la vis, c’est le rayon d’un cercle de 700mm de circonférence. Or le mouvement alternatif de haut en bas de l’écrou vaut au plus 2/10ième de millimètre ce qui représente 1/3500ième de tour pour l’écrou autour du point de guidage. Le filetage de la vis a un pas de 1,5mm, donc l’oscillation de l’écrou dans sa translation vaut 1,5/3500=0,0004mm soit 0,4µm. La distance focale de PEGASE vaut environ 3,5 fois la longueur du secteur lisse, l’erreur périodique maximale provoquée par ce phénomène au foyer a donc une amplitude de 3,5×0,4=1,2µm. Elle est parfaitement négligeable et insensible car elle est beaucoup plus petite que la tâche de diffraction dont le rayon vaut 3,22µm.
Quand l’écrou lesté sera terminé, quelques manoeuvres d’emboîtage et déboîtage de l’écrou sur la vis termineront de roder les arêtes des portions d’écrou. La nécessité de forcer à l’emboîtage ou à l’extraction de l’écrou disparaît très rapidement.
Cette technique de finition de l’écrou est essentielle pour obtenir une bonne stabilité de celui-ci pendant la rotation de la tige filetée lors de l’entraînement horaire du télescope.